Brêle éternelle, à la rencontre des Mobyboys

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Annecy-Monaco en mobylette, en passant par la Route des Grandes Alpes, chiche ? C’est le périple qu’ont réalisé en juin passé les Mobyboys, une bande de passionnés haut-savoyards. Un film sort ces jours sur l’exploit, l’occasion de poser quelques questions à Kevin et Marvin Van Heek, deux frères Mobyboys de la première heure, qui en étaient.

Roaditude – Marvin Van Heek, qui sont les Mobyboys, et quel est le projet qui vous anime ?
Kevin – Les Mobyboys, c’est un groupe de cyclomotoristes vintages crée il y a deux ans par une bande de potes lors d’une soirée barbecue. Vu que nos épouses, qui se connaissaient, faisaient plein de trucs ensemble, il a bien fallu qu’on se bouge. L’un des potes faisait de la Vespa ancienne, mais on s’est dit que la « brêle », c’est plus accessible et plus drôle – et surtout, il ne faut pas de permis !

Marvin – En fait, c’est le délire d’une soirée qui a pris de l’ampleur. Aujourd’hui, on est une dizaine, tous propriétaires d’une brêle de marque française pré-65, et on n’exclut pas que la bande s’élargisse. A condition de respecter l’esprit, de mettre les mains dans le cambouis et de passer le petit bizutage d’entrée.

Petit bizutage d’entrée ?
Marvin – Oui, rien de bien méchant. Par exemple, on s’assure que le candidat sache siphonner un moteur avec la bouche…

Kevin – … sans tout avaler ! (rires) C’est vrai que le mouvement s’élargit, et on n’est pas forcément contre. On se prend vraiment au jeu. L’an passé, on a commencé à faire de belles sorties, sur une journée, avec de beaux tronçons comme on aime, authentiques et improbables. A chaque fois, ce sont des moments incroyables, entre nous, mais aussi avec les gens qui nous voient passer et viennent spontanément nous parler.

Ce n’est pas trop compliqué de rouler en vieille mobylette, de nos jours ? On trouve encore des pièces pour l’entretien ?
Kevin – Nos bécanes, c’est clair, demande de l’entretien. Un allumage d’époque, sans électronique, ça se calibre à la main, il faut sans arrêt le réajuster. Pour le reste, il est assez facile de trouver des pièces. Motobécane a même relancé la production avec ses moules d’époque.

Et celui qui veut se lancer, il se trouve facilement une mobylette ?
Marvin – Les prix sont en train de prendre l’ascenseur, mais oui. Aujourd’hui, pour EUR 800-900.-, vous en trouvez une en bonne condition. Ca reste accessible, en tous les cas en comparaison de la voiture ou de la moto. Mais attention, il y a toujours du boulot à faire.

On sent une dimension humoristique, voire critique dans votre démarche. Qu’en est-il ?
Kevin – Oui, il y a pas mal de déconneurs dans la bande. On est tous un peu décalé, par rapport aux autres, mais aussi entre nous. Rien qu’au niveau des âges : le plus jeune, mon frère, à 25 ans, et le plus vieux en a 49.

Marvin – C’est surtout une expérience, plus qu’un message. C’est après coup qu’on s’est rendu compte que les mobylettes consomment très peu, et qu’elles sont de super qualité – une qualité qu’on ne trouve plus forcément aujourd’hui. Mais ce n’est pas pour autant qu’on s’inscrit dans l’écologie ou dans la mode de l’anti-consommation. Ce n’est pas notre démarche.

Vous sortez un film, La Traversée des Alpes (voir ci-dessous). Pouvez-vous nous le présentez, et nous dire où il sera visible ?
Marvin – Ce film, c’est le récit du périple que nous avons fait en juin dernier d’Annecy à Monaco, durant 4 jours, à travers les Alpes. Il est visible gratuitement sur Youtube depuis début juin (voir le film sur Youtube).

Kevin – La Route des Grandes Alpes, c’est un vieux projet dont on parle depuis le début. Au début, l’idée était d’avoir un film souvenir de l’expédition et comme j’avais rencontré un photographe-caméraman cet hiver, je lui ai proposé de nous accompagner. Il vraiment bien joué le jeu, ses images sont superbes. Du coup, on s’est dit qu’on pourrait capitaliser sur son travail, en faire une habitude pour soutenir le développement de notre projet. Aujourd’hui, beaucoup de gens viennent nous voir lorsqu’on s’arrête en nous disant nous avoir vu sur Youtube.

Annecy-Monaco en meule… Quelle est le plus beau souvenir de cette expédition ?
Marvin – Moi, c’est l’arrivée à Monaco qui m’a le plus marqué. Il y avait encore les infrastructures du grand-prix, on a pu en faire le tour avec nos mobylettes. Ca a été une grande émotion, car on avait tellement roulé (160 kilomètres par jour) avant qu’on n’avait pas vraiment pris conscience du chemin parcouru.

Kevin – Le passage du Galibier a également été un moment très fort. Le sommet était fermé, en effet. On a passé quand même… On s’est retrouvé tout en haut, seul, dans une atmosphère incroyable, sous le ciel gris et entouré de mur de neige. C’était énorme !

D’autres projets pour l’avenir ?
Marvin – L’an passé, on a fait la course Alpen Brevet organisée par Red Bull (voir le site Internet de la course). C’était top et du coup, on l’a refait cette année, à la fin du mois de juillet.

Kevin – Parallèlement, on réfléchit à ce qu’on veut faire en 2018. La Corse, l’Espagne… A voir encore, il y a plusieurs idées.


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(Interview : Laurent Pittet, Nyon, Suisse / Crédits photo : Mobyboys)