Petits plaisirs de la route : 7 bonnes raisons d’aimer les bouchons
A peine en sommes-nous sortis au retour des vacances que les revoici chaque matin au moment d’aller travailler. Les bouchons, c’est le lot de la fin du mois d’août et de la rentrée, les files sans fin qui nous contrarient ou nous poussent au bord de la crise de nerfs, mais qu’au fond nous adorons détester. Car même coincés depuis trois heures sur la même rocade d’autoroute, même en retard à notre réunion, il existe au moins sept bonnes raisons de prendre notre mal en patience et d’apprécier cet instant. Oui, vraiment.
1/ On peut en faire un moment de méditation…
Passée la frustration des premières minutes, passées les insultes évidemment injustes lancées à tous les véhicules alentour, vient le moment de l’acceptation. Confortablement assis au volant, protégés par l’habitacle de notre voiture, nous pouvons enfin faire le vide autour de nous, faire le point sur notre journée, voire sur notre vie. Un peu de musique et l’illusion est complète. Pourquoi partir en retraite ou dévorer les livres de développement personnel, quand notre bon vieux périf suffit à nos séances d’introspection ?
2/ … ou de communion.
Enfin quelque chose qui nous fait aller dans la même direction ! L’embouteillage est un moment de partage avec des centaines d’autres usagers de la route, mais pas seulement. Au même titre qu’il nous réconcilie avec nous-mêmes, il nous rapproche aussi de celles et ceux qui occupent le véhicule avec nous. C’est l’occasion de sortir le nez du smartphone et d’engager la conversation avec le chauffeur de taxi, c’est le moment de faire des bêtises en famille ou entre amis. Cherchez #trafficjam sur Instagram, et vous découvrirez un monde de sourires, grimaces et rigolades. Les bouchons rendent heureux.
3/ C’est aussi notre quart d’heure de célébrité
Se retrouver ne serait-ce que quelques secondes sous le feu des projecteurs, n’est-ce pas notre rêve secret ? Aussi, quand la radio égrène les kilomètres et les heures de ralentissements avec un ton catastrophé, l’effet, pour nous qui « en sommes », est un peu le même que pour les personnes qui se reconnaissent sur le grand écran du stade pendant la mi-temps : une brève euphorie et une certaine fierté au milieu de l’ennui.
4/ On peut y jouer à l’envi
S’amuser pour tuer la monotonie, c’est l’un des aspects les plus agréables de l’embouteillage. Au moment d’arriver à la douane ou à la gare de péage débute un jeu d’adresse et de stratégie. C’est l’occasion de défier les lois de Murphy en cherchant la file la moins lente, de profiter du trou laissé par un camion pour discrètement gagner une ou deux places. Mais pour s’éviter des ennemis, il est encore préférable de passer le temps en scrutant sans honte nos voisins de route : cette famille qui rentre, la voiture bondée d’affaires en tout genre, cette dame qui en a marre et décide de se dégourdir les jambes, ce jeune barbu qui s’installe sur le rebord de la portière pour fumer, dans une position acrobatique.
5/ C’est beau et même plutôt sexy
Assurément, les bouchons ont un côté voyeur, qui peut dériver vers des pensées moins innocentes. Car puisque l’embouteillage est par définition le lieu de toutes les frustrations, c’est aussi le lieu de tous les désirs. Cette jolie personne, dans la petite voiture rouge à gauche, est-elle en train de vous sourire ? Et que cache cette vitre entrouverte ? Oui, il y a quelque chose de mystérieux et séduisant dans cette grande communauté humaine soudain réunie de force. Quelque chose d’esthétique aussi, pour autant qu’on aime les froids alignements, comme Jacques Tati (ci-dessous), ou qu’on se laisse fasciner par les sons multiples des engorgements de trafic, comme le compositeur Steve Parker (http://www.steve-parker.net/traffic-jam).
6/ Il y en a pour qui c’est pire
Une pensée pour ces automobilistes aux abords de Pékin…
7/ On n’a pas fini d’en parler
Rentrés à la maison ou enfin arrivés au bureau, nous ne sommes pas peu fiers de raconter nos aventures à nos proches, comme si nous avions échappé à l’enfer. De la chaleur étouffante aux camionnettes en panne sur le bas-côté, aucun détail n’est épargné. Les bouchons sont un sujet de discussion sans fin, un thème passionnant même pour les scientifiques, qui mobilisent la mécanique des fluides et la théorie du chaos pour les expliquer ou les simuler (à lire, un article du Figaro sur le sujet et, à voir, le site Traffic Simulation).
Et vous, avez-vous d’autres bonnes raisons de les aimer ?
N’oubliez pas d’utiliser et de suivre le mot-dièse #trafficjam sur les réseaux sociaux 😉
Lire la précédente chronique “Petits plaisirs de la route”.
(Texte : Alexis Malalan / Crédit photo : Fotolia/Peter Maszlen)