Le Combi VW, histoire d'un mythe
Les ouvrages sur le mythique Combi VW ne manquent pas sur les étals tant il est devenu bien plus qu’un simple véhicule depuis sa commercialisation en 1950. Ce célèbre utilitaire, pratique, modulable et polyvalent, s’est érigé au fil du temps en véritable objet fétiche, symbole du mouvement hippie, de la van life, de la culture surf et des vacances en famille. C’est ce que nous conte Eric Grandsagne dans un bel écrin grand format, pour une plongée dans soixante-dix ans d’histoire et de modèles Volkswagen Transporter.
Il a inventé un style de vie automobile, a roulé sa bosse sur les routes du monde, a ce pouvoir de remonter le temps à une époque de liberté, d’évasion, du flower power. Le Combi Volkswagen est devenu, à l’instar de sa consœur la Coccinelle, une icône du design automobile au mitan du XXe siècle et l’un des symboles des Trente Glorieuses. Fourgonnette, microbus, camping-car, pick-up : il a su ravir tous les secteurs d’activité, séduire toutes les catégories de population et profite encore aujourd’hui de son capital sympathie. C’est à une découverte à travers les âges et les générations, sous l’angle principalement technique et pratique, destiné aux inconditionnels du Combi et aux chevronnés de la route, que nous convie Éric Grandsagne dans cet ouvrage. Le rédacteur en chef du magazine Van Life, entièrement dédié à l’univers du fourgon aménagé, avait déjà sorti un hors-série en son honneur en 2018. Il nous conte ici l’évolution de ce van chic pas comme les autres, à la fois utilitaire et récréatif, citadin et tout-terrain, à jamais ancré dans l’imaginaire collectif.
Croquis légendaire
L’histoire prend sa source en 1947 sous le coup de crayon d’un homme d’affaires néerlandais, Ben Pon. Son objectif est d’en faire un véhicule de transport simple et robuste à destination des ouvriers, commerçants et artisans. Avec cette esquisse griffonnée sur un bloc-notes, présentant une structure en forme de caisse, un avant arrondi et un moteur à l'arrière, il jette les bases du VW Transporter. C’est sous l’impulsion d’Heinrich Nordhoff, alors directeur de l’usine de Wolfsburg, que tout se concrétise trois ans plus tard.
Grandsagne nous plonge ainsi dans cette fabrique industrielle, où tout a commencé, puis dans celle d’Hanovre, consacrée exclusivement à cet engin révolutionnaire, capable de transporter 750 kg de charge utile. À partir des années cinquante, la culture automobile n’est plus l’apanage des États-Unis et connaît une croissance économique exponentielle liée à la motorisation de masse. Au cœur d’une Allemagne scindée en deux États, ce petit utilitaire à tout faire entre dès lors dans l’histoire, devenant l’objet de toutes les passions, avec ses phares ronds, « sa ligne de toit en V qui lui permet de soigner son coefficient de pénétration dans l’air », son pare-brise en deux parties, et son moteur aircooled à l’arrière.
L’auteur procède ainsi à toute une radiographie économique, technique et mécanique, chapitrée en trois grandes périodes (1950-1967 ; 1967-1979 ; 1979-1990). Il évoque les coûts de production, les marchés de diffusion, les ventes. Il plonge dans le moteur, détaille les avancées de l’habitacle, la consommation d’essence, la puissance en chevaux. Il décrit le mobilier design, les couleurs, et l’aménagement qui gagne peu à peu en confort.
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Déclinaisons multiples
Son style se fait pragmatique, parcourant les six générations de Transporter : des modèles précurseurs du camping-car de Westfalia (Camping Box, T2 Bay Windows…) à la version luxe du Bus Samba et ses 23 fenêtres, en passant par les T4, T5 et T6 qui perdent les formes rondes pour des lignes plus anguleuses dès l’arrivée du California et du T3 Synchro tout-terrain.
À cette approche très condensée répond une iconographie heureusement riche, entre images d’archives, créations d’atmosphère rétro, affiches publicitaires et photos de voyage. La mise en page aérée offre ainsi des road trips mémorables dans l’Ouest américain et des défilés de Combis hauts en couleur lors d’un rassemblement en Bourgogne ou d’une grande parade nostalgique sur le circuit du Mans.
Mais une star s’extrait du lot : la réplique du fameux Bus Light, peint par Bob Hieronymus pour le festival de Woodstock en 1969, à l’occasion du cinquantième anniversaire en 2019. Le cliché de ce minibus psychédélique, avec un couple sur le toit, a construit la légende du modèle première génération, publié dans Rolling Stone et Life.
Passion intergénérationnelle
Grandsagne parsème ces deux cents pages de verbatims des fondus de Combi. Car qui dit « Génération(s) VW Combi », dit aussi passionnés et globe-trotters. Il donne ainsi la parole à un couple pour des parcours associatifs, aux amoureux de surf, à des familles pour des voyages à travers l’Europe, à ceux qui ont tout abandonné pour vivre le rêve américain, l’itinérance, la van life. Mais aussi aux experts de Serial-Kombi, spécialisé dans la vente de pièces détachées des premiers véhicules, aux propriétaires d’un garage vintage capable de réparer n’importe quel Split ou Bay Window, et au fondateur de Campervans Mont-Blanc pour des intérieurs en bois massif. Sans oublier son photographe de Van Life Magazine, qui ne s’est jamais déplacé autrement qu’en van.
Un regard pluriel pour des trajectoires de vie réinventées. L’auteur clôt cette épopée sur le patrimoine de la marque via sa collection privée et son atelier dédié à la restauration, avant de tracer de nouvelles routes avec les futures conceptions 100% électrique, comme l’e-Bulli, reposant sur le Bus Samba de 1966, et le concept car ID Buzz qui réinterprète le Combi originel. Ce petit utilitaire continue ainsi de résister au passage du temps, s’offrant toujours une énième seconde jeunesse.
Éric Grandsagne, Génération(s) VW Combi, de 1950 à nos jours, Casa Éditions, Paris, 2020.
(Texte : Nathalie Dassa, Paris, France / Crédit photo : Heritage Image Partnership Ltd / Alamy Stock Photo)