La spontanéité et l’émerveillement
Pileos est un artiste folk, Vincent Beck Mathieu est photographe-cinéaste.En 2018, les deux compères français ont pris la route avec une guitare et unecaméra, sans rien prévoir, et avec la ferme intention de vivre une expérienceexceptionnelle. Objectifs ? Montrer qu'il n'est pas nécessaire d'aller del'autre côté de la planète pour vivre des aventures palpitantes, et quel'inconnu peut-être source de belles surprises. Résultat ? Uncourt-métrage intimiste et esthétique, visible dès maintenant en ligne.
Roaditude – Pileos et Vincent Beck Mathieu, vous mettez en ligne, avec votre compère Vincent Beck Mathieu, le court métrage 80 km/h. Pouvez-vous nous présenter ce projet ?
Vincent Beck Mathieu – 80 km/h est le résultat d’un moment de vie que nous avons partagé. C’est le résultat d’une envie spontanée de découvrir ce qui nous entoure, ces choses simples, sans faire 8000km pour aller à l’autre bout du monde. On est parti sans savoir où on allait, sans savoir où dormir, on voulait juste vivre quelque chose de différent. J’ai proposé à Pileos de filmer le voyage sans savoir ce qu’on allait en faire et il a décidé d’écrire la BO sur la route. On s’arrêtait dans les villes pour faire des concerts et on avançait sur la route avec l’argent récolté. On a décidé de faire un film avec zéro euro de budget. J’ai voulu faire un film imparfait par son image et par ses choix cinématographique pour représenter le réel de ce qu’on a vécu.
Le film est intéressant, entre autres, par son côté multi-facettes – tantôt vidéo-clip, tantôt essai cinématographique esthétisant, tantôt documentaire… Quelle a été votre intention ?
Pileos – Au départ il n’y en avait pas. C’est justement en ça que le film est conceptuel, ha ha ! Les deux propos principaux du film sont la spontanéité et l’émerveillement. On voulait vivre une expérience belle et spontanée, puis la retranscrire en vidéo et en musique vu que ce sont les deux choses qu’on sait faire. Du coup on est partis les mains dans les poches, sans objectif précis avec une caméra et une guitare et on s’est dit « On verra bien ce qu’on fera ».
Vincent Beck Mathieu – Ouais, on ne savait pas vraiment ce qu’on voulaitfaire haha !
On voulait dans un premier temps vivrequelque chose ensemble et le partager, pour montrer qu’on a pas besoin departir loin pour voir et vivre des belles choses. L’intention d’en fairequelque chose de concret est venu après je suppose. J’avais une centaine de Gode rush et j’ai mis pas mal de temps à trouver une trame pour le montage.Lorsque j’ai trouvé comment je voulais le raconter c’est allé bien plus vite !
Et puis il y a cette idée du « film à zéro budget »… Pourquoi c’est important, aujourd’hui, la débrouille ?
Pileos – En fait le zéro budget c’était plus une contrainte qu’une idée haha ! Vincent sortait d’école, moi je quittais mon précédent boulot, donc on n’avait pas trop le choix. Après c’est vrai que de manière générale on estime qu’on n’a pas besoin de beaucoup d’argent pour kiffer. Parfois s’allonger dans l’herbe au soleil ça suffit. En partant de ce principe-là, c’est dommage de dépenser des mille et des cents dans des hôtels, des avions ou des restaurants alors qu’il existe des solutions alternatives… qui en plus rendent le voyage plus amusant ! Et finalement comme le film reflète notre manière d’être et de voyager, c’était assez cohérent. Mais du coup, je dirais pas forcément que la débrouille c’est important, parce qu’il ne faut pas la voir comme une contrainte. Je dirais au contraire que c’est plus trépident !
80 km/h, selon vos dires, est un « road movie »… Au début de votre récit, il y a l’envie de prendre la route. D’où vient-elle, cette envie, et quel est son sens pour vous ?
Pileos – Quand on habite en ville et qu’on vit à quelques mètres, finalement, avec des centaines de personnes, entouré de béton gris, noyé dans une amas d’énergies positives et négatives dont la masse peut parfois se faire sentir de manière très violente, c’est difficile de trouver la paix. Il y a bien la méditation, le yoga, et toutes ces choses là, mais partir c’est comme un électrochoc. Tout à coup, la pression retombe. Il y a le silence, l’horizon qui recule et tout à coup on peut voir à plusieurs kilomètres à la ronde l’air se purifie… et puis évidemment le simple fait de changer d’environnement c’est stimulant.
Vincent Beck Mathieu – Ouais, c’est un peu ça. Quand j’étais au lycée,au lieu de se poser en ville, on partait toute la journée découvrir un peu ce qu’il y avait autour de chez nous. Je prenais des photos, jefilmais etc. J’ai toujours eu cette envie d’aller découvrir ce qu’il y a derrière, et au fur et à mesure onva de plus en plus loin. Ça permet de se créer dessouvenirs avec ses potes, de voir d’autres choses et de rencontrer du monde, c’est vachement enrichissant.
De toutes ces routes que vous avez parcourues, y’en a-t-il eu une plus marquante que les autres ?
Pileos – Sur ce voyage spécifiquement, la N85 entre Grenoble et Gap. Elle traverse les Alpes, souvent à flanc de montagne, on traverse des petits villages adorables
Vincent Beck Mathieu – Jepense que pour moi c’est le Verdon, c’est un endroit tellement incroyable, il ya plein d’endroit géniaux lorsqu’on s’écarte des routes principales et j’aipas mal de bons souvenirs là bas, j’y ai rencontré plein de gens.
Après la route, il y a quoi ? Quels sont vos prochains projets ?
Pileos – On en a plein ! Déjà, je vais essayer d’aller parler du film… sur la route ! En Août je repars faire la même chose un peu partout en France. J’aurais avec moi des cartes postales qu’on a faites imprimer pour que les gens puisse à la fois avoir un joli objet, et accéder au film, télécharger les musiques, voir les photos qu’on a faites sur la route… Et puis à côté je co-écris la musique d’un documentaire qui va aussi être tourné sur la route par deux jeunes réalisatrices : Aimée Bouchet et Pauline Mignola. Et puis lors de notre road trip l’an dernier j’ai rencontré un chanteur de folk talentueux, Jeff Mailfert, avec qui on travaille pas mal aussi. Et enfin je suis en train de travailler sur un album avec des musiciens… que de beaux projets haha !
Vincent Beck Mathieu – Déjà, je vais continuer à bouger ! Je rentre toutjuste d’Irlande où j’ai fait un petit trip, et je repars en août. J’aimeraisbien aller vers l’Est. Je vais sûrement rejoindre Pileos sur la route aussi.
Sinon, en ce moment, j’écris un court métrage. Et puis je fais des photos et je filme dès que possible. Pas beaucoup d’argent, mais j’essaie de vivre un maximum de chose. Faut toujours se rappeler que ce sont les choses simples qui nous apportent le plus.
Pour en savoir plus, visitez le site web de Vincent Beck Mathieu et la chaîne Youtube de Pileos.
Pour écouter la bande son du film, cliquez ici.
(Interview : Laurent Pittet, Nyon, Suisse / Crédits photo : Vincent Beck Mathieu )