Les plus beaux endroits pour rouler

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Après deux ouvrages sur les plus beaux endroits pour marcher et courir, Nicolas Gardon a fait vrombir les moteurs pour des traversées grandioses sur les six continents. Résultat, un nouvel opus grand format inspirant qui entreprend le road trip autrement.

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« Les routes mythiques ou les rubans de bitume plus intimistes m’ont ouvert leurs voies, je m’y suis jeté avec envie et plaisir ». C’est en ces quelques termes, extraits de l’introduction, que Nicolas Gardon répond à nouveau à l’appel de l’asphalte. Le rédacteur en chef de Jogging International, passé par Libération, L’Expansion et Bayard Presse, explore cette fois en quatre ou deux roues des territoires à couper le souffle.

Partir à l’aventure et changer d’air, tel est son crédo. Ce baroudeur continue ainsi de sillonner les routes et leurs aspérités. À l’instar de ses précédents livres, les conseils pratiques priment autant que le témoignage photographique somptueux, avec les distances à parcourir, les périodes à privilégier, le temps de conduite, les spots à visiter en chemin, l’équipement nécessaire. En lecture directe, l’immersion est totale et en roller coaster !

Évasions multiples

Défilent ainsi, sur 207 pages, 85 destinations aux multiples visages, issues des six continents (Europe, Amérique, Antarctique, Asie, Océanie, Afrique). Des escapades de bout du monde dont il conte les anecdotes sous un angle historique, géopolitique, culturel ou cinématographique. Page après page, les décors se transforment en un champ d’exploration infini. Certains paraissent des promenades de santé (la Fairy Tale route sur les traces des frères Grimm en Allemagne ; la Côte de Granit rose en Bretagne ; la mythique route 66 pour un retour dans le temps). D’autres font figure de style dans l’art de négocier les virages en lacets, tout en affrontant les différences d’altitude (la montée du col du Stelvio en Italie).

Quant aux plus extrêmes, ils prennent des allures de survival où tout est à prévoir à l’avance dans des néants rocailleux (la White Rim Road aux États-Unis avec ses 160 km de pierres rouges via le parc national de Canyonlands). Ou bien flirtent avec l’idée de fin du monde (l’autoroute du pôle Sud en Antarctique) et d’expériences ultimes (la route Jebel Hafeet, point culminant des Émirats arabes unis ; le tunnel de Guoliang en Chine).

À contre-courant

Si l’ensemble s’apparente à des voyages initiatiques, la plupart des expéditions s’adressent aux routards et motards chevronnés, adeptes des road trips au long cours ; des jusqu’aux-boutistes avides d’adrénaline. Car profiter de ces lieux, c’est d’abord penser la route et savoir l’appréhender. Il s’agit à la fois d’endurance, de résistance et de prendre le temps de s’arrêter, pour découvrir à pied, à vélo ou en bateau des spots inaccessibles autrement.

Mais dans un contexte d’urgence environnementale, on peut s’interroger sur le bilan carbone du projet. Si le but n’est pas de multiplier les dépenses de gazole, en grande majorité, les itinéraires exigent la conduite en 4x4 et en SUV, donc assez polluants, consommateurs de carburant et à l’impact nocif sur le climat. Gardon fait pourtant abstraction pour laisser place à ces splendeurs terrestres et homériques, où la nature se décline sous toutes les formes et reprend ses droits selon les saisons. Ce globe-trotteur invétéré, auteur également de On ne vit qu’une fois, redonne ici davantage son sens originel au véhicule, sorti des métropoles, et un élan puissant à l’itinérance.


Nicolas Gardon, Les plus beaux endroits pour rouler, Éditions Gründ, Paris, 2019.

(Texte : Nathalie Dassa, Paris, France / Crédit photo : Nicolas Gardon)