40 cols en 24 heures

La moto, c’est tout à la fois la performance, le voyage et la convivialité. Ces trois aspects seront réunis les 5 et 6 août prochains pour la première édition d’un nouveau rallye, les 40e Rugissants, qui propose aux participants de franchir 40 cols en 24 heures. Nous nous sommes rendus au Grand-Hôtel des Rasses, dans le Jura suisse, pour rencontrer Alexandre Schwab, qui organise cette première avec ses acolytes du club moto Edelweiss – You’ll Never Ride Alone ! 

Roaditude – Alexandre Schwab, avocat, mais aussi motard passionné… Comment vous présenter ?
Alexandre Schwab – S’il fallait trouver un dénominateur commun entre ma profession et la moto, ce serait celui de la gestion du risque. Le calcul, souvent immédiat, de ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Et puis, je plaide comme je conduis. Je fais du bruit, quoi ! Bruit qu’il faut rendre intelligible ici, et cacophonique là…

D’où vient votre passion pour la moto ?
Elle vient peut-être de mon adolescence tumultueuse et de cette KTM 250 qui m’a laissé quelques cicatrices et quelques os brisés… Moins loin dans le temps, elle vient certainement de la rencontre de mes amis 525 (notre club Edelweiss – You’ll Never Ride Alone !) qui font perdurer, par leur amitié vraie, cette envie de découvrir ensemble les routes les plus « chevauchantes », les plus reculées.

Avec votre club l’Edelweiss – You’ll Never Ride Alone !, vous lancez la première édition des 40eRugissants… Quel est le concept de ce rallye ?
C’est notre première édition. C’est un concept novateur. Nous espérons que cela plaira à la communauté biker et que nous aurons du succès à faire vivre cet événement. Nous voulons valoriser le chemin, la route parcourus durant ce rallye et non seulement la performance. Pourtant, performance, il devra y avoir. « Only for the bold… » disait un de mes amis qui se déplacera d’Indianapolis pour participer à la compétition.

Le concept est celui-ci : chaque patrouille, constituée de trois bikers, reçoit une heure avant le départ une carte sur laquelle se trouvent quinze cols. Il faut en choisir dix. Le bon col, la bonne vallée, au bon moment, de façon à rejoindre le point d’arrivée avec le moins de kilomètres. A chacune des trois étapes qui suivent (Megève, Verbier, Bex), le même processus doit opérer. On garde la tête froide, on réfléchit au parcours, et on ride the mountain as the wave… Montagne et vague, me direz-vous ? Allégorie futile diront certains, mais qui correspond à notre mode de rouler, sans vitesse excessive, mais rapidement et de manière fluide. Fluide ? Je vous dirais que fluide n’est qu’une vue de l’esprit, le sentiment de rouler ensemble dans le même flux d’émotions…

Alex, Serge, Jean-Phi et Michelange, quatre figures des Edelweiss, dans le salon du Grand-Hôtel des Rasses.

Alex, Serge, Jean-Phi et Michelange, quatre figures des Edelweiss, dans le salon du Grand-Hôtel des Rasses.

Quels seront les moments forts de cette première édition ?
J’en imagine trois. Le départ tout d’abord, que nous voulons festif et construit d’émotions. Ce n’est pas tous les jours que l’on part pour une balade de 24 heures… L’heure précise du départ de chaque patrouille sera tirée au sort quelques semaines avant le 5 août, jour de départ. Et à heure dite, précisément à heure dite, le starter (un starter de rallye de voitures anciennes) ordonnera les départs de chaque patrouille toutes les trois minutes comme aux plus belles heures des rallyes des années 70 : la main tendue devant le casque des bikers… 4, 3, 2, 1, go ! La concession Harley Davidson de Genève et son directeur Laurent Blanc, seront les maîtres de cérémonie qui, tant au départ qu’à l’arrivée, organiseront des festivités auxquelles tout le monde pourra participer. Nous voulons que ce soit une fête pour tous !

Le passage des grands cols des Alpes de jour ou de nuit (nous avons choisi le 5 août car c’est une nuit de pleine lune – 98% de luminosité lunaire) ainsi que le passage des étapes : le Megève Blues Festival et mon ami Stéphane Huget nous accueilleront à la première étape ; Verbier où les violoncelles du Verbier Festival s’acoquineront avec les rugissantes Harley ; Vida Loca à Bex enfin, toute métallique, où Manu Vionnet nous recevra entre 1 heure et 4 heures du matin…

Enfin, naturellement l’arrivée. L’arrivée des bikers… De ces gars qui auront traversé nos montagnes 24 heures durant. Tous seront vainqueurs après avoir parcouru 40 cols en 24 heures. Il y aura toutefois de meilleurs vainqueurs, à savoir ceux qui auront parcouru ces cols avec le moins de kilomètres. Cette norme minimale sera calculée par l’organisation qui fera la moyenne des kilomètres parcourus par chaque patrouille. Certains seront au-dessus de cette norme, certains au-dessous… L’Etat de Genève, que nous remercions vivement, nous offre deux sangliers pour cette occasion, que nous ferons rôtir durant les 24 heures que durera le rallye (c’est le temps qu’il faut dit-on), et que nous servirons en pitance à ces guerriers de la route que seront les participants.

A titre personnel, avez-vous un col préféré ?
Je suis un garçon classique. Ce sera donc le Grand Saint-Bernard. Parce qu’il est différent à chaque passage, à chaque période de l’année. Et puis, j’adore rouler là où j’ai skié l’hiver…

40 cols… Ne craignez-vous pas que la dimension quantitative vous enferme trop dans un esprit de performance, au détriment, par exemple, de la convivialité ?
Les chiffres ne signifient rien. L’attitude est principale. Les chiffres, c’est 40 cols en 24 heures, soit ! C’est environ 900 km de routes à 37,5km/h de moyenne (moyenne identique à celle que l’on retient lors de l’organisation de nos balades du week-end).

L’attitude, c’est le dépassement de soi. C’est accepter d’en prendre plein la gueule pour pas un sous, juste pour réaliser cet exploit que personne n’a réalisé auparavant. Participer aux 40èmes Rugissants, c’est une première. C’est gravir une voie nouvelle et marquer son nom au sommet. Et faire cela à trois amis, trois bikers, c’est une expérience conviviale qui marque l’âme.

Combien de participants visez-vous pour cette première, et qu’est-ce qui pourrait en faire un succès à vos yeux ?
Nous espérons avoir 40 patrouilles, soit 120 bikers. Ce serait un vrai succès pour cette première édition. C’est un événement du Grand Genève tout d’abord, et j’espère que bon nombre de patrouilles seront « plaquées GE »… Mais je sais également qu’il est difficile d’être prophète en son pays, et, connaissant par expérience la façon dont les clubs de bikers genevois se toisent… Les 40èmes, c’est également un événement qui se coure sur trois pays, sur les Alpes. Nous avons envoyé des invitations et de la pub dans toute la Suisse, en France, en Allemagne et en Italie. De toute façon, la référence nationale n’est rien. La référence aux Alpes et aux peuples qui y vivent est la référence que nous voulons mettre en exergue.

Alors, rendez-vous à la fin de l’été pour un bilan ?
J’ai l’impression que la fin de l’été est demain, tant le travail qui nous reste à accomplir est important. Prenons le pari que j’aurai alors, à la fin de l’été, le même plaisir à répondre à vos questions…


Les 40e Rugissants, les 5 et 6 août 2017. Informations et inscription sur le site Internet.

(Interview : Laurent Pittet, Nyon, Suisse / Crédits photo : Fotolia- Leonid Andronov, Marc Charmey)