Amaia et Marvin, s’arrêter pour mieux repartir
Partis de Suisse au mois d’avril, ils sont maintenant au Pakistan, et pensent passer les fêtes en Inde. Après sept mois de voyage, nous retrouvons Amaia et Marvin – alias Bonnie and Klyde – pour un nouveau point de situation (lire l’interview d’avril et celui d’août). Quels sont leurs coups de cœur ? Comment va la mécanique ? La lassitude pointe-t-elle son nez ?... Lassitude ? Que nenni. S’ils pensent s’arrêter un peu durant les fêtes, on découvre que l’envie d’aventure de nos deux motards en amour reste intacte.
Roaditude – Amaia et Marvin, où vous trouvez-vous, et comment allez-vous ?Amaia et Marvin – Nous nous trouvons actuellement au Pakistan et, même si ce pays a fait quelque peu souffrir nos organismes au début, nous allons bien. Nous sommes entrés depuis l’Iran et avons traversé la région du Baloutchistan sous escorte, ce qui est obligatoire. Si faire des journées de plus de 400 kilomètres sans pouvoir nous arrêter où bon nous semble n’était pas une partie de plaisir, nous avons fait de belles rencontres et avons expérimenté le camping au commissariat. Nous sommes aujourd’hui libres à nouveau.
Six mois depuis votre départ… Pas trop lassant ce voyage ? N’avez-vous pas le mal du pays ?
Nous découvrons chaque semaine de nouveaux paysages, rencontrons de nouvelles personnes, goûtons de nouvelles gastronomies, « lassant » n’est donc pas le terme que nous emploierons. En revanche, une envie de s’installer pendant une période plus longue que quelques jours commence à se faire sentir. Notamment afin d’accomplir des projets plus concrets. Et ça tombe bien car c’est ce que nous comptons faire en Inde où nous imaginons rester plusieurs mois. Si nous ne savons pas encore ce qui va occuper nos journées, nous avons déjà quelques idées : des cours de yoga, de cuisine, ou des projets artistiques plus personnels.
Parlez-nous de l’Asie centrale : quels sont vos coups de cœur ?
L’Asie centrale dans son ensemble nous a séduits. Les vastes étendues du Kazakhstan, le patrimoine de l’Ouzbékistan ou la nature du Kirghizistan resteront des souvenirs impérissables. Cependant, notre coup de cœur revient aux paysages de la région du Pamir, au Tadjkistan. Nous n’avions jamais vu ça avant. La descente à partir de la frontière kirghize à plus de 4'000 mètres est saisissante. Cette sensation d’être isolés de tout est parfois effrayante, mais elle fait réfléchir sur ce que nous sommes face à cette immensité – et ça fait du bien.
Dans un précédent entretien, vous parliez du choix de vos motos (une Triumph et une BMW), qui n’étaient pas forcément l’idéal pour ce type de périples… Comment vont les choses au niveau technique ?
Dans l’ensemble, elles vont plutôt bien. Nous avons réalisé l’entretien complet des 20'000 kilomètres de nos deux véhicules nous-mêmes au Kazakhstan, ce qui fut une réelle satisfaction. Néanmoins, une petite fuite d’huile au niveau de la boite à vitesse et un bouton de démarreur déjà bricolé plusieurs fois sont à signaler pour la BMW. La Triumph, quant à elle, a un souci électrique, certainement le relais du démarreur. Par conséquent, elle ne démarre pas certains matins, notamment après une nuit froide. Mais fini de pousser, un ami voyageur (et électricien) rencontré sur la route nous a montré comment contourner le problème. Dorénavant, nous démarrons la moto en pontant le relais à l’aide d’une … clé à molette. Dans ces pays où les gens sont si curieux de nos montures, autant dire que ça fait des étincelles, au sens propre comme sens figuré.
Au niveau humain, vous voyagez en couple, mais je crois que vous faites énormément de rencontres, notamment d’autres motards. Pouvez-vous nous parler de cet aspect ?
Lorsque nous sommes dans des villes et que nous dormons dans des « guest houses » ou « homestays », nous rencontrons, en effet, très facilement d’autres voyageurs. Qu’ils soient en vacances pour deux semaines ou en tour du monde, la rencontre est toujours enrichissante. En revanche, nous aimons également notre solitude lorsque nous nous isolons dans la nature pour camper. En ce qui concerne les motards, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas tant que ça et commençons à tous nous connaitre, virtuellement, via les réseaux sociaux, ou réellement, lorsque nous nous croisons. Finalement, la rencontre des locaux est la plus captivante. Malgré leur situation difficile, les iraniens resteront un exemple d’hospitalité et de convivialité. Ce peuple nous a donné une grande leçon d’humanité.
Où pensez-vous passer les fêtes, et quelles sont vos vues pour la suite ?
Nous savons que nous passerons les fêtes en Inde, et plus précisément à Goa. Non que l’attroupement de voyageurs dans ce lieu nous attire, mais parce que de la famille (mère et beau-père de Marvin) nous rendent visite. Quant à la suite, la question reste très ouverte. Nous avons toujours la volonté de rallier Singapour, mais la traversée de l’Asie du sud-est s’avère, pour l’instant, très onéreuse. Nous comptons profiter de notre séjour en Inde pour avoir les bonnes réflexions. Et qui sait, peut-être une nouvelle aventure en découlera.