Intarissable 66

image.png

On ne se lasse pas de la route 66, qui porte si bien son surnom de « Mother Road ». Tout le monde en rêve, tout le monde en parle, et des livres lui sont régulièrement consacrés, souvent publiés par les majors de l’édition. Cela n’a pas intimidé le suisse Christian Dick, motard passionné, qui publie D’un océan à l’autre par la route 66, un petit guide pratique qui se distingue par son côté très personnel. Une bonne alternative pour qui prépare le pèlerinage. 

Roaditude – Christian Dick, vous publiez un guide sur la route 66 aux éditions Favre. Pouvez-vous vous présenter pour les lecteurs de notre blog ?
Christian Dick – La moto a toujours été présente dans ma vie. Elle a d’abord été associée à la vitesse et à un sentiment de liberté. J’appréciais aussi les virées en solitaire. C’est ainsi que s’est réalisée, beaucoup plus tard, la traversée des Etats-Unis en moto, de Los Angeles à Chicago, par la Route 66, puis jusqu’au New Hampshire.

r66a.jpg

D’où vous est venue l’idée et l’envie de réaliser ce guide ?
Il n’y avait à l’origine aucun projet. En cours de route, j’ai fait parvenir quelques articles à un journal régional, Le Courrier de Lavaux-Oron, qui les a publiés. Des amis d’un moto-club m’ont ensuite demandé une présentation. J’ai alors préparé une conférence avec photos et légendes, tenue dans quelques salles et dans un restaurant, le Route 66 à Forel (Lavaux). A ce moment-là, l’idée d’un livre s’est imposée : commenter des photos, exposer du vécu sans la limite des quelques secondes que vous laissent l’enchaînement des photos sur un écran.

La route 66 est un sujet déjà passablement traité, notamment par les grandes enseignes de guides touristiques. Le vôtre, qu’apporte-t-il de nouveau ou de différent ?
Il me semble que je présente la route 66 comme elle est, parfois inexistante, parfois sombre ou déserte, mais passionnante. Les guides touristiques le font comme un enchaînement de motels ou de sites à visiter. Sur une période d’abord indéterminée, j’ai voulu la vivre par immersion. Certains livres publient des photos magnifiques, c’est vrai, mais à des moments choisis que le roader n’aura que peu l’occasion de voir. Ce sont des œuvres artistiques qui ne s’adressent pas forcément aux voyageurs. Je livre aussi des indications touristiques.

La route 66 est mythique, et vraiment superbe. Cependant, on peut être déçu par l’exploitation touristique qui en est faite, notamment dans certaines des villes qu’elle traverse. Quel est votre avis sur cette question ?
Les grandes villes sont aussi touristiques que d’autres villes du monde et méritent qu’on s’y arrête. Je ne crois pas que leur publicité soit destinée aux touristes de la route 66. La plupart sont limités dans le temps et ne peuvent pas tout voir. Ou en vitesse. Sur la 66, je n’ai quasiment croisé personne. Que des locaux. Sauf entre la Californie et l’Arizona. Les motards suivaient une boucle vers San Francisco via Las Vegas ou les parcs nationaux. Même perdus dans le désert ou dans des villages peu connus, les musées sont bien documentés et pas forcément indiqués dans les guides.

Certains endroits sont représentés dans toutes les revues et dans tous les guides, comme le Blue Swallow Motel à Tucumcari ou le Cadillac Ranch à Amarillo. Ce sont des passages obligés. La Baleine bleue à Catoosa aussi. Mais elle déçoit. On ne se baigne plus dans l’étang. Le site est négligé.  J’ai vraiment croisé peu de monde sur la route, et dans les bars, j’ai surtout fait la connaissance d’Américains locaux, curieux et intéressés par mon voyage.

Quels ont été vos coups de cœur personnels sur cette route ?
Le Sud. L’Arizona pour la beauté du paysage, la solitude sur la route et les gens authentiques croisés dans les bars. L’Oklahoma ensuite où la route est vivante et offre une grande diversité de sites. Le Nouveau Mexique porte aussi admirablement son nom « Land of Enchantment ». Le Texas, c’est le Texas. Tous ces Etats sont dans ce qu’on appelle la « ceinture biblique » que traverse la 66.

Après la 66, qu’est-ce qu’il y a ? Avez-vous d’autres projets ?
On a tous plein de projets. Certains vont se réaliser, d’autres jamais et resteront des rêves. Parfois, c’est mieux. Parfois, il faut aller de l’avant.

r66h.jpg
r66d.jpg
r66e.jpg
r66f.jpg
r66g.jpg
r66i.jpg
r66j.jpg
r66k.jpg

Christian Dick, D’un océan à l’autre par la route 66, Favre, Lausanne, 2017

(Interview : Laurent Pittet, Nyon, Suisse / Crédits photo : Christian Dick, Wikipedia-Marriedtofilm pour l’image de tête)