« La route est une métaphore de tous les possibles »
Il faut des mots forts pour présenter Dorothée Richard, jeune illustratrice installée à Lyon… Courage, parce qu’il en faut pour choisir la vie d’artiste ; talent, parce que ses illustrations sont enchanteresses ; audace, qui lui fait choisir le feutre comme technique de prédilection ; lumière, enfin, parce qu’elle se voit en voleuse de feu pour « sublimer le réel ». Nous l’avons sollicitée pour illustrer la fiction littéraire du numéro 2 de Roaditude – fiction écrite par un auteur du Burundi, Juvénal Ngorwanubusa. Elle a bien voulu répondre à nos questions.
Roaditude – Dorothée Richard, quel artiste êtes-vous, et quel a été votre parcours ?
Dorothée Richard – Artiste figurative, j’ai été aux Beaux-Arts cinq années en Normandie. Puis je suis allée à Paris, où j’ai exercé plusieurs emplois, dont éducatrice spécialisée, et me suis formée à l’art thérapie. Je suis descendue à Lyon il y a 3 ans et ai pris la décision, il y a quelques mois, de me consacrer pleinement à l’art.
L’une de vos techniques de prédilection est le feutre. C’est étonnant, expliquez-nous ce choix ?
J’ai pu expérimenter diverses techniques: photographie, sculpture, gravure, peinture. J’ai également utilisé divers outils: peinture à l’huile, acrylique, encre, techniques mixtes, etc. Un jour, j’ai réalisé un dessin avec des feutres et j’ai eu une sorte de révélation. C’était il y a quasi trois ans. Depuis, cet outil m’accompagne. Techniquement, il ouvre à de nombreuses perspectives de travail, offre un panel de couleurs très large et une immédiateté dans le rendu qui m’intéresse.
Vous dites : « le banal m’intéresse » et le mot « trivialité » revient souvent dans votre bouche. Mais l’art, n’est-ce pas justement tout le contraire de cela ?
Je ne crois pas. L’art existe aussi pour sublimer les choses. C’est dans la perspective de renouveler le regard que l’on porte sur des « angles morts », des scènes ou des objets que l’on ne remarque plus, que je travaille.
Pour le numéro 2 de Roaditude, vous avez été sollicitée pour illustrer une nouvelle littéraire d’un écrivain du Burundi, Juvénal Ngorwanubusa, que vous n’avez jamais rencontré… Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?
Ce fut une expérience très enrichissante, teintée d’un certain mystère car je n’ai effectivement pas rencontré Juvénal Ngorwanubusa. J’ai donc lu sa nouvelle, me suis renseignée sur le Burundi, son histoire, ses traditions, etc. Et ai cherché des images et des photographies pour me nourrir. Puis je me suis laissé porter par ses mots pour les illustrer.
La route, en quoi est-ce un thème qui vous intéresse – ou pas ?
La route est un thème qui me parle, auquel je suis particulièrement sensible. La route, c’est en quelque sorte une métaphore de tous les possibles. Et plus concrètement, la route, c’est le voyage, la découverte d’autre chose. Cette route n’est pas nécessairement à l’autre bout du monde. Elle peut tout aussi bien être très proche de nous.
Une route de cœur qui vous touche particulièrement ?
Pas particulièrement. J’aime la route au crépuscule ou au petit matin, celle qui m’emmène ailleurs tout simplement.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment, et quels sont vos projets d’avenir ?
Je travaille sur différents thèmes en vue de prochaines expositions, et également sur des illustrations pour un futur livre. Mes projets d’avenir sont de poursuivre mon travail artistique, de varier les expériences, les rencontres et de continuer à en vivre.
Pour en savoir davantage sur Dorothée Richard, vous avez la possibilité de visiter son site Internet http://dorotheerichard.jimdo.com/.
(Interview : Laurent Pittet / Crédits illustration : Dorothée Richard)