Sous l’œil de l’Eyjafjallajökull

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Isolement, paysages incroyables et variés, richesse de la faune et de la flore, potentiel d’aventures et de découvertes. L’Islande, et la fameuse Route 1 qui en fait le tour, est l’une des destinations dont on rêve quand on aime la route, ses surprises, et ses émerveillements. Le français Mickael Jacinto Nunes y est allé en mai dernier, entre amis, poussé par le goût du voyage et la passion de l’image. Il partage avec nous quelques extraits commentés de sa galerie photos. Ca fait envie !

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A contrecourant de la plupart des voyageurs qui choisissent de prendre la route en direction des côtes du sud-est lors de leur atterrissage sur le sol islandais, nous avons débuté en roulant vers l’ouest. La péninsule de Reykjanes, trop souvent délaissée, offre pourtant des paysages très surprenants pour les continentaux. Après une traversée à pied, de cairn en cairn, d’un paysage lunaire, les falaises d’Hafnaberg se laissent découvrir.

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La traversée du désert de sable et de roches volcaniques pour atteindre ces falaises est récompensée par le concert du claquement des vagues, et des cris des nombreux oiseaux qui en peuplent les moindres recoins. La danse hypnotisante de l’écume, sur la surface de l’océan, reflète le moindre rayon de lumière dans des tons bleus, verts ou blancs. Lieu idéal pour une première pause.

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Notre première rencontre avec l’intense activité volcanique de l’île a eu lieu au champ géothermique de Seltùn. Sur ce petit relief multicolore, l’ascension se fait en zigzag entre les fumerolles à la forte odeur de soufre et les mares de boue en ébullition. Boue dont les bulles éclatent comme de minuscules geysers. Le sommet jouit d’un beau panorama sur le lac de Kleifarvatn.

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Le lac de Kleifarvatn remplit une fissure née de séismes passés. La noirceur de l’eau laisse deviner la violence de tels phénomènes. Cette étendue d’eau est longée par une route très peu empruntée – la Route 42. Pourtant, elle mène directement en trois petites dizaines de kilomètres à la capitale Reykjavik, où vivent plus d’un Islandais sur trois.

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Ce qui est frappant quand on traverse ce pays, c’est l’alternance rapide des paysages. Il est très fréquent de traverser un désert de roches volcaniques noires et, au détour d’un virage, de retrouver un environnement verdoyant. L’eau n’est pas que sur les côtes, elle inonde l’intérieur du pays. A tel point que les torrents, rivières et nombreuses cascades (quand ce n’est pas la neige) interdisent d’emprunter les routes intérieures du pays neuf à dix mois par an. Si vous partez en mai comme nous, seule la route circulaire s’éloignant peu des côtes vous permettra d’avancer. Et encore, quand les routes intérieures sont ouvertes, il n’est pas rare de devoir s’aventurer à faire des passages de guets. Quoiqu’il en soit, il y a de fortes chances que votre voyage ait de nombreux arrêts non planifiés, notamment pour s’approcher au plus près de ses chutes d’eau découvertes tout au long de la route.

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En Islande, vous croiserez très souvent de gros 4×4 américains. En effet, dès que vous prenez une intersection en bordure de la Route 1, vous êtes contraint d’emprunter les lignes droites des « gravel roads » en direction de l’horizon.

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Il est très facile de distinguer les voyageurs se contentant de suivre la Route 1, de ceux qui préfèrent emprunter les routes de graviers. La poussière recouvre les véhicules des seconds en quelques kilomètres.

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Même si la route circulaire est la route principale du pays, elle est loin d’être encombrée. Elle traverse les grandioses paysages islandais sans les défigurer. Coincée entre l’océan, les reliefs volcaniques et les glaciers, à chaque kilomètre, la route voit son décor changer du tout au tout. Ici devant, à l’ouest, un paysage verdoyant avec deux très belles cascades. Au sud, une coulée de lave désertique menant à la mer. A l’est, une côte offrant pitons rocheux et arches. Enfin au nord, sous un épais glacier, se cache un volcan. Un volcan au nom imprononçable par les journalistes lorsqu’ils couvraient son éruption de 2010 qui a perturbé le trafic aérien européen. Il s’agit du fameux Eyjafjallajökull.

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A proximité de l’Eyjafjallajökull, les éruptions successives ont donné naissance à un désert de roche plongeant dans la mer. Les amateurs de photo ont déjà dû apercevoir cette épave de DC-3. Découvrir cette carcasse de la Marine américaine abandonnée depuis 1973 est un vrai jeu de piste. En effet, contrairement à tous les lieux touristiques qui sont toujours indiqués par des panneaux au bord de la route, il faut s’armer de patience pour croiser ce tas de ferrailles qui n’est encore indiqué nulle part.

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Même s’il semble que le développement du tourisme islandais et un clip de Justin Bieber (!!!) aient poussé les autorités locales à offrir ce lieu atypique aux curieux. En effet, un parking et une piste étaient en cours de construction pour mener directement à l’épave. Les travaux débutant tout juste, les huit kilomètres à pied aller-retour depuis la Route 1, nous ont permis de profiter seuls de ce bijou photogénique.

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En se rapprochant de Vik sur la côte sud, entre l’arche de Dyrholaey et les pitons de Reynisdrangar, le littoral prend soudainement du relief. Sur quelques kilomètres s’alignent arches, pitons rocheux et grottes rappelant les falaises d’Etretat. La différence notable est que la blancheur du décor français laisse place ici à la noirceur de la roche et du sable des plages. L’étonnement, régulier en Islande, qu’on peut observer ici vient de la proximité entre la mer et les montagnes glacées en arrière-plan.

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Quel plaisir de délaisser nos voitures citadines pour foncer en 4×4 dans la poussière des routes désertes de l’île ! Cela est d’autant plus jouissif quand on ne sait pas vraiment où l’on va. A plusieurs reprises des pistes s’écartent de la Route 1 et permettent de découvrir des paysages inattendus. Il est tellement agréable de se laisser aller à l’improvisation sur ses routes de gravier et de se retrouver seuls dans des paysages toujours atypiques.

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Les 1339 km de la Route 1 visent fréquemment les reliefs obstruant l’horizon. Tellement loin parfois qu’on aperçoit des sommets, plusieurs heures avant d’en rejoindre le pied. Une fois atteintes, ses montagnes « contraignent » à un virage et à un changement de décor quasi certain pour notre plus grand plaisir. Quoiqu’il en soit, la chose qui ne change pas, c’est le bon état de ce bitume, pourtant soumis à des conditions extrêmes.

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On entend souvent dire que l’Islande est une île partagée en le feu et la glace. Nous avons décidé d’en faire l’expérience. Après avoir nagé entre les icebergs de la lagune de Jökulsárlón, motivés en grande part par le défi entre copains, nous avons pu, moins d’une heure après, nous détendre dans une source chaude à 40°C.

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En laissant derrière nous les plages et côtes du sud de l’île, on commence à atteindre les pentes encore enneigées des fjords de l’est. Ce paysage, plus accidenté, couvre un territoire encore plus désert. Les villages et stations-services se faisant de plus en plus rares.

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La Route 1 quitte le littoral pour couper le nord par les terres. L’ellipse traverse ainsi au printemps ce qui est encore un désert blanc. Seul la route est déneigée (apparemment, des tuyaux d’eau chaude enterrés permettent de réchauffer le bitume grâce à la géothermie). En dehors de la route, de la neige et des oies sauvages à perte de vue… Aucune habitation ! Puis soudain, on aperçoit des fumerolles au loin et des espaces débarrassés de neige. Le feu sous terrain remontant chasser le froid à Hverir permet de profiter des couleurs rouges des oxydes, des jaunes du souffre, et des boues grises bouillonnantes.

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Les fjords du nord-ouest sont encore plus sauvages que ceux de l’est. Les routes bitumées s’y font plus rares et donc les touristes prennent moins le risque de s’y aventurer. Un vrai plaisir de se sentir souvent seul dans ce bout du monde, à la limite du cercle arctique. Les rencontres avec la faune sont régulières : phoques, macareux, rennes… et même baleines ! Pour notre émerveillement, alors que nous contournions un fjord, deux baleines sont venues à la surface, à moins d’une dizaine de mètres de la route, pour nous saluer.

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Les falaises de Làtrabjarg permettant d’observer les lointaines côtes de la péninsule de Snæfellsnes. Culminant à 440 m au-dessus de l’océan, elles sont peu propices à installer des routes. La nature a donc pris possession des lieux. Les décollages et atterrissages incessants des oiseaux rythment la promenade. Tout particulièrement ceux des très peu farouches macareux, emblème du pays, qui se laissent approcher pour photographier leurs becs multicolores. Par contre, quand les oiseaux s’éloignent du nid, les renards arctiques vont à la chasse aux œufs, comme les enfants à Pâques. J’ai pu me balader aux côtés de l’un d’eux sur plusieurs centaines de mètres sans qu’il ne soit dérangé de ma présence, plutôt concentrer à remplir son museau d’œufs.

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La côte Sud de la péninsule de Snæfellsnes offre à nouveau un décor composé d’arches, de grottes entourées d’orgues de basaltes. Anarstapi, c’est le moment où la boucle est presque bouclée, à une poignée d’heure de la capitale. Dernier rendez-vous avec le vol des mouettes.

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A l’est de la capitale, la Route 36 mène sur les bords du lac Pingvallavatn, plus grand lac du pays. C’est là où l’un des premiers parlements démocratiques est né… Mais aussi, là où se trouvent le plus de bus de touristes. En effet, cette route forme le cercle d’or. Il concentre ce haut lieu d’histoire, l’une des plus belles chutes d’eau du monde et un parc où des geysers jaillissent du sol à plus d’une dizaine de mètres. Une simple escale de deux jours permettant de profiter de ces richesses et de la capitale, ces lieux contrastent avec les déserts parcourus pendant une dizaine de jours… Ainsi, pour profiter de nos derniers instants, nous avons décidé de fuir les lieux, en suivant quelques routes au hasard, afin de découvrir de nouveaux bouts du monde isolés.


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(Textes et crédits photo : Mickael Jacinto Nunes)