Carnet de la N7 (1/5) - De Paris à Montargis
« 2000 ans d’histoire, 30 ans de légende » a l’habitude de dire Thierry Dubois, organisateur du rallye 100 Autos sur la Nationale 7. À bord de « Pamela », une Coccinelle ’66, l’équipage de Roaditude vous raconte ce périple de 6 jours sur la Route Bleue, de Paris à Menton.
Six jours pour relier Menton sur cette langue de bitume mythique, à la recherche de son tracé historique, masqué par les déclassements, les contournements de ville, l’usage automatique de l’autoroute. Six jours pour en chercher et révéler les secrets bien gardés, les vestiges de son lustre d’antan, son importance dans l’aménagement du territoire et des congés payés, sa place dans l’Histoire.
Point zéro – À quelques dizaines de mètres du Portail du Jugement de Notre-Dame de Paris, sur le Parvis où grouillent des milliers de touristes le nez en l’air, une plaque circulaire indique le point zéro des routes de France. Ce «point zéro de Paris », représente le point de départ des routes quittant la capitale, il sert de référence pour calculer les distances des villes de France. Grosse émotion au moment de s’élancer depuis ce lieu historique.
Alain – Notre première étape nous conduit à Ris-Orangis, quelques kilomètres après Orly. À une centaine de mètres de la N7, Alain, qui vient de charger sa Peugeot 404 décapotable rouge, nous offre le café. Hospitalité des routiers qui partagent les mêmes plaisirs, ceux qui se disent avec peu de mots. Il voyage avec Cajou, « chien d’aveugles à la retraite » comme dit Alain. La N7, il l’a fait quelques fois, lui qui a grandi à Lyon, la charnière de la route vers le Sud.
En route vers Montargis – C’est en petit convoi que nous nous retrouvons, une fois passés les entités périurbaines de Paris et la Forêt de Fontainebleau. La Nationale 7 se révèle doucement telle qu’en elle même : dégagée, verdoyante, encore toute empreinte de cette légèreté vacancière. Elle est là, pleine de promesses et d’histoires. Et il ne faudra pas attendre la première étape, Le Relai du Miel à quelques kilomètres de Montargis, pour en goûter les saveurs.
Notre-Dame de la Route – Aux abords d’un petit village nommé La Cressonnière, La chapelle Notre-Dame de la Route a été construite en 1954, par l’abbé Georges Preux, curé de Fontenay et de Nargis. Ce petit oratoire austère entend offrir protection aux voyageurs de la N7, comme en atteste ses vitraux figurant les blasons des villes traversées par la Route Bleue, symbolisés ici par un ruban de la même couleur. C’est là un lieu qui semble complètement hors de son temps, n’étaient les nombreuses traces de passage qui l’habitent : cierges allumés, missels épars et bibles ouvertes sur leurs présentoirs.
Station Fantôme – Alors que nous sommes en vue du Relais du Miel, la première apparition fantômatique de la N7 nous saute à la vue. Sur le bord de la route, les vestiges du Relais du Chesnoy, une station-service et ses commodités rongées par le temps, offrent une vision post-apocalyptique qui traduisent la vitesse avec laquelle la N7 s’est vidée d’une partie de sa vie ses 30 dernières années… Derrière, un complexe de bureau de la marque de tracteurs et de machines de construction International Hough semble lui aussi avoir été abandonné à la hâte après une catastrophe. La taille de la station service (aux couleurs d’Antar, visiblement) et de l’aire adjacente, indique qu’il devait y avoir un trafic conséquent sur ce tronçon. Mad Max revisité par Cormac McCarthy.
Contrôle technique – Le parking est plein à craquer, quelques dizaines de voitures de participants sont rangées sur la parking du Relai du Miel, premier rendez-vous officiel du rallye. Elles sont offertes au regard des visiteurs, habitants de la région ou curieux venus de plus loin. DS, 404, Citroen, Jaguar, Porsche, Simca, Peugeot, Fiat, Impala, Mustang, Buick. Les profils sont aussi variés que les modèles. Contrôles technique, distribution des road books, fanions et signes distinctifs au participants. Un peu plus loin, au soleil couchant, c’est encore la N7 qui dessine la ligne de l’horizon.