Country limit

Le photographe français Ronan Guillou publie un deuxième ouvrage, Country limit, réunissant un beau travail réalisé aux Etats-Unis entre 2011 et 2013. Le communiqué nous annonce que, « réunissant des photographies d’américains dans leur environnement immédiat et des vues de paysages où l’empreinte de l’activité humaine est manifeste, la série parle du lien de l’homme à son territoire et tend à témoigner de la fragilité d’une certaine Amérique. »

Fragilité
Fragilité d’une certaine Amérique… C’est bien là le premier intérêt de cet ouvrage, que de nous ramener à ce thème récurrent, et surtout fascinant. Car c’est bien cette fragilité qui nous attire, nous qui venons de l’extérieur, et qui n’avons de cesse de (re)faire le voyage, alors que, il faut bien le dire, il a déjà été fait depuis longtemps.

Cette fragilité, plusieurs images de Ronan Guillou l’exprime de manière évidente, à l’instar de On the Edge, qui montre une carcasse de voiture à l’abandon, dans laquelle on peut voir tout à la fois le progrès et l’évanescence – la grandeur et l’argile. Les oppositions radicales (le haut et le bas, le lumineux et le mat, etc.) sont au cœur de la rhétorique du photographe.

Limite de route
Sachant que c’est la route qui nous intéresse, il est remarquable qu’elle soit partout dans cette série de Ronan Guillou. Représentée directement, ou alors simplement suggérée. Car si la vie américaine est constamment en train de vaciller, risquant de tomber en avant ou en arrière, elle peut s’appuyer sur certaines lignes de force qui tiennent le pays, structurent sa culture et son identité. La musique en est une, par exemple. La route en est certainement une autre. A cet égard, il n’est pas anodin que la dernière photographie de l’ouvrage de Ronan Guillou, sa dernière note, Country Limit 2 – Nevada 2013, montre une limite de route (un bord ? un bout ?) comme surligné par une série de murets et de panneaux rouges.


Ronan Guillou, Country Limit, éditions Kehrer, 2015.
Vous avez également la possibilité de découvrir plus largement le travail de Ronan Guillou via son site Internet à l’adresse www.ronanguillou.com.

(Texte : L. Pittet / Crédit photo : Marc Charmey)